Cette volonté de puissance se révèle déjà à Venise, mais ici, ce pouvoir est plus civil que militaire, plus commercial que politique et il est souvent atténué par un esprit de mesure évident, un certain respect de la personne humaine. Là encore, Venise est l’héritière des meilleures traditions de Rome, c’est toujours la domination de la pax romana, lorsque la res publica avait priorité sur les caprices des empereurs, les fantaisies des courtisans. Le Sénat surveille constamment ses envoyés et quand la République décidera une politique d’annexion, elle l’exercera en « terre ferme », en commençant par sa propre province Comme l’état se charge de la construction des bateaux et organise les convois, c’est lui qui dirige l’administration de l’empire. A Costantinople le baile est envoyé pour deux ans, il est représentant de la Sérinissime auprès du Basileus comme il le sera par la suite auprès du sultan. Avec ses deux conseillers, son Conseil de douze patriciens vénitiens, des marchands résidant eux aussi pour la plupart dans la ville, il a priorité sur tous les autres magistrats, bailes et consuls de la Tana en Crimée, de Trébizonde et de Lajazzo en Arménie, de Chypre ou d’Alexandrie, dont le rôle ne peut être que strictement local et qui, malgré cette surveillance discrète mais permanente, jouissent d’une large autonomie. Pour le bien général, chacun selon son rang, a pour tache d’assurer la prospérité du commerce Vénitien.